Dans le cadre des 72 heures de l’institut polytechnique privé Shalom, les étudiants dudit institut ont eu droit ce jeudi 9 juin 2016, à une conférence sur la Télévision numérique terrestre (TNT). Placée sous le thème « Enjeux économiques et culturels de la TNT dans les médias », cette conférence a été animée par Philippe Kahoun ingénieur en techniques de radio et de communication, et modérée par Pascal Thiombiano, ancien directeur de la télévision nationale du Burkina.
Pour M. Kahoun, la TNT est une technologie qui va permettre de recevoir plusieurs chaînes à l’aide d’un décodeur branché sur le téléviseur. Ce passage à la TNT va favoriser également la libération des fréquences et de la place qui pourra être utilisée par la téléphonie mobile pour améliorer l’internet haut débit, l’extension de la portée du wifi sur tout le territoire.
Et comme exemple, cette disponibilité d’internet haut débit va permettre de développer plusieurs initiatives telles que l’enseignement à distance avec le Massive Open Online Courses (MOOCS), le e-Commerce, la e-santé… Aussi, « la TNT devient une opportunité historique pour les Etats de reconfigurer leur paysages audio-visuels du fait de la séparation des tâches ». C’est-à-dire qu’il y aura des éditeurs de contenus, des fournisseurs de services et un régulateur technique de diffusion.
De plus, selon M. Kahoun, la TNT est un enjeu de souveraineté pour les Etats africains. Il s’explique en se basant sur des données reflétant une large utilisation des smartphones et des applications mobiles en Afrique. Cette haute consommation de la téléphonie mobile réduite sous forme de licence devrait générer des centaines de milliards de francs CFA aux gouvernements des Etats. Ainsi, dit-il « l’économie numérique booste non seulement l’économie des Etats africains, mais aussi aide à intégrer le secteur informel dans les circuits réguliers des finances ».
Cependant, reconnait- il, « de tout temps nous avons parlé des avantages, mais il ya aussi des inconvénients ». L’inconvénient majeur selon lui serait l’adaptation des médias existants au concept du numérique. Il explique cela par le fait qu’avec l’arrivée de la TNT, les promoteurs de diffusions seront obligés de compresser du personnel, de créer plus de programmes attrayants, faute de quoi ils se verront dans l’obligation de fermer par manque d’adaptation. La TNT serait ainsi donc une course à l’excellence où chacun devrait tirer son épingle du jeu.
La place du Burkina Faso dans l’univers de la TNT
Le Burkina Faso n’a malheureusement pas pu respecter la date buttoir du passage de la radiodiffusion analogique à la radiodiffusion numérique. Et cela serait dû selon Philippe Kahoun, à un problème financier. Il ajoute toutefois que le gouvernement ayant pris conscience de cette avancée technologique, essaie tant bien que mal de suivre la cadence. Par ailleurs, monsieur Kahoun rassure qu’à la date d’aujourd’hui, le pool bancaire national a accordé un prêt de 22,5 milliards. Cette somme sera allouée à l’achat et à la fabrication des équipements et aussi à l’implantation des sites. Il ajoute qu’en termes de défiscalisation, l’Etat a consenti 1 milliard de francs CFA pour faire rentrer un certain nombre de décodeurs. Des décodeurs qui seront à la portée du citoyen lambda.
Une conférence réussie
Pour le président du bureau des étudiants Marius Pitroipa, cette conférence étaient une occasion pour les étudiants de toutes les filières de l’IPS de se retrouver autour d’un sujet qui les concerne tous. Il s’est déclaré satisfait de l’exposé qui leur a été proposé et de la disponibilité du conférencier et du modérateur qui ont bien voulu les accompagner pour la tenue de l’événement. Les participants eux s’estimaient heureux de la tenue de cette conférence qui leur a permis de mieux appréhender la TNT. « Pendant cette conférence, nous avons retenu beaucoup de choses, notamment sur les enjeux de la TNT au Burkina qui sera bientôt une réalité », précise Abel Yerbanga, étudiant en deuxième année de communication.
Les 72 heures de l’IPS se poursuivront jusqu’au samedi 11 juin 2016, avec des jeux et concours, une kermesse suivie d’une nuit culturelle dans l’enceinte de l’institut.
Yasmine K. SAWADOGO (stagiaire)